Une amie préparant les concours d’école de cinéma m’a demandé quels livres, chaînes YouTube ou sites web que je pouvais lui conseiller pour réviser les épreuves d’analyse filmique. Je partage donc ici une liste de ressources qui m’ont particulièrement aidé.
Pour le contexte : Une brève histoire du cinéma
Le livre de Martin Barnier et Laurent Jullier retrace à merveille comment le cinéma a évolué depuis 1895 aussi bien en tant que medium, qu’industrie, qu’art.
S’intéressant à toutes les formes de cinéma (blacksploitaiton, cinéma argentin, VR, séquences filmées des frères Lumières), l’essai va droit au but tout en étant assez exhaustif.
Pour l’analyse : L’initiation au vocabulaire de l’Upopi
Les livres de vocabulaire d’analyses filmiques sont la plupart du temps relativement chers (une vingtaine d’euros pour ceux que j’ai achetés) et, par nature, non-animé.
L’initiation au vocabulaire de l’analyse filmique de l’Université populaire des images (écrite par Laurence Moinereau) a le mérite d’être gratuite et interactive.
On y découvre les échelles de plan, les différents raccords, les points importants de la composition. On comprend comment analyser un son qui empiète, un jump cut ou encore l’utilisation d’une longue focale.
Aucune notion basique n’est oubliée. Des quizz viennent ponctuer l’apprentissage et des analyses plus détaillées le parachève.
Pour la composition et le rythme : Every Frame a Painting
Réalisée par un couple de monteurs californiens, Every Frame a Painting est une série d’analyses de films et de séries. On y découvre tantôt le rôle du son, de la composition ou du montage.
Les vidéos ont pour mérite d’être extrêmement riches, visuelles et justes. Une idée forte, démontrée en peu de temps, qui reste en tête pour mieux s’en inspirer (ou s’en détourner).
Pour la philosophie du cinéma : des classiques
Le cinéma en tant que médium a aussi eu ses penseurs.
Pour une raison que j’ignore, je ne peux pas m’empêcher de recommander les Mythologies de Roland Barthes. Sur le fond, on y trouve de magnifiques réflexions sur ce qu’est une œuvre d’art et comment elle agit en nous. Sur la forme, on a ses petites réflexions, ses petits dialogues si bien écrits qu’ils pourraient être prononcés dans un film de Rohmer.
Sur le cinéma en tant qu’art, la référence reste Qu’est-ce que le cinéma d’André Bazin. Plus exigeant (entendre par là, moins facile d’accès), il reste un ouvrage primordial dont des notions comme le montage interdit garde encore aujourd’hui une importance et une résonance particulières.
Pour le scénario : L’anatomie du scénario
Livre particulièrement blasant, L’anatomie du scénario a le mérite d’expliquer la construction narrative de 90% de mes films préférés (qui est en fait à chaque fois la même). Non content de gâcher la magie des films, il gâche celle de toute expérience cinématographique. Une fois le livre fini, on a du mal à se souvenir comment était-ce lorsqu’on était encore surpris par des péripéties.
On garde néanmoins un peu d’optimisme en se disant que si on a pas vu le tour de passe-passe des scénaristes pendant toutes ses années, le spectateur moyen non plus. On peut donc, nous aussi, utilisé les mêmes schémas sans trop culpabiliser.
Sur la forme, c’est à l’américaine. Le livre liste une série de conseils au scénariste et explique pourquoi, on aurait tort de ne pas les suivre. Ça a le mérite de la clarté et ça change d’autres auteurs sur le scénario plus loquaces.
Pour la symbolique : la Bible
Du Jean Valjean hugolien traversant les égouts comme Jésus, son calvaire, aux femmes de Fellini représentées comme autant de vierges Marie, en passant par l’imagerie d’Evangelion, la culture est pétrie de références bibliques.
Comparer un film à une symbolique religieuse est souvent un pari audacieux (même les animes étant infusé par l’imagerie chrétienne). De même, croiser un scénario à une philosophie religieuse est toujours un angle de lecture intéressant et souvent sous-estimé.