Anti-Jeu est un court métrage réalisé dans le cadre du concours du Nikon Film Festival 2021 sur le thème « un Jeu ».
Pitch :
Quoi de plus normal que Ben soit réticent à accepter cette partie de Président ? Après tout, jouer avec les autres, c’est aussi jouer contre soi.
Note d’intention :
Quoi de moins jouissif et de plus oppressant qu’un jeu de société ? Les quarts d’heure s’enchaînent comme autant d’impératifs donnés par ses proches ou une règle inique. On ne joue pas avec les autres, on joue contre eux et contre soi.
Lieu de compétition, si l’un doit gagner pour être heureux, les autres doivent perdre. Toute bienveillance disparaît. Nul pardon ne viendra de son équipe que l’on doit mener à la réussite. Nulle charité ne sera accordée par les autres qui sont tout aussi légitimes à aspirer à la victoire.
Comme si ça ne suffisait pas, on joue aussi contre soi. Un triple impératif s’impose. Il y a ce qu’on aimerait jouer pour se faire plaisir, puis ce qu’on devrait jouer en tant que stratège, pour gagner, et enfin ce que l’on devrait jouer pour les autres, pour apparaître dans les normes. Alors que l’on aimerait garder ses cartes pour le plaisir de toutes les poser d’un coup, ce choix peut être stratégiquement contestable et causer la raillerie de ses proches qui y verront un révélateur d’au mieux une mauvaise tactique, au pire d’une personnalité trop prudente.
L’histoire de Ben
Anti-jeu suit Ben durant une partie de cartes dont les difficiles arbitrages vont résonner avec autant d’échecs. Sa prudence l’a embarrassé dans ses relations sentimentales. Son anxiété sociale l’a empêché de se montrer comme il est. Sa peur de décevoir ses parents et les adultes, l’a contraint. Finalement, ce n’est jamais que parce qu’il a accepté d’être au carrefour de toutes ces pressions qu’il en a souffert. Toutes ces entraves lui reviennent comme des fantômes au moment de jouer. Osera- t-il s’en affranchir, quand bien ça ne serait que « pour le jeu ».
La beauté du jeu veut aussi que le hasard nous empêche de déterminer si l’on a gagné par connaissance des autres (en devinant leurs coups), par stratégie mathématiques ou par chance. À vrai dire, le jeu en lui-même est dérisoire, ce n’est que pour les sensations procurées que nous l’aimons. Que ça soit le sentiment de compétitions (du jeu) ou de la rencontre avec son intimité (du je), le jeu n’est qu’une confrontation. Mais que faire quand on fuit ses confrontations ?
La fin aigre-douce apprend à Ben et donc nous invite à apprécier le jeu comme un vecteur de socialisation et de maturité, quand bien même celui-ci serait forcé.
- Durée : 2 minutes 10
- Rôle : scénariste, réalisateur, monteur, étalonneur, mixeur
- Matériel : Canon 5D Mark III, Adobe Premiere
- Année : janvier 2021